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Crise à Mayotte : Au coeur d'une distribution
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« La vie est un combat de tous les jours »
Msaidie est une veuve habitant avec ses filles et petits-enfants dans une zone isolée de Mayotte. Cette dame de 80 ans, qui tirait son revenu d’un petit potager, a vu son quotidien se dégrader encore davantage depuis le cyclone Chido. Le colis alimentaire de 35kg que lui a remis le SIF à l’occasion d’une action de distribution en porte à porte constitue donc une grande bouffée d’oxygène.
Pour Ramadan, le Secours Islamique France n’a pas oublié le département le plus pauvre de France. Actif à Mayotte depuis le cyclone Chido, qui a dévasté l’archipel le 14 décembre dernier, le SIF y distribue 400 repas par jour à Mamoudzou, la principale ville.
Cette action est renforcée par la distribution de 1 500 colis alimentaires dans des zones isolées, destinés à des personnes qui éprouvent des difficultés à se déplacer. D’où la présence, parmi les bénéficiaires, de nombreux retraités. Pour les plus vulnérables d’entre eux, le SIF s’est même organisé pour les livrer directement à domicile.
Un soutien très important, qui s’inscrit comme une étape dans la construction d’un projet sur le long terme : le SIF étudie la possibilité de pérenniser sa mission sur place, tant les besoins sont immenses. Nos équipes restent d’ailleurs particulièrement marquées par leur rencontre avec Msaidie, une personne âgée très fragilisée par les conséquences du cyclone Chido.

Les équipes du SIF livrent directement les colis alimentaires à des bénéficiaires trop isolés ou vulnérables pour se déplacer
À Mayotte, plus d’une personne sur dix est frappée d’insécurité alimentaire
La maison de Msaidie est petite, 20m2 au maximum. Exiguë, elle paraît très fragile : la structure est faite de morceaux de tôle rouillée et de bois. Des bandes de tissu font office de portes, ou sont accrochées ici et là pour boucher des trous, tentative de fortune pour barrer la route aux éventuelles intempéries.
Le dénuement total de l’intérieur témoigne de la précarité des occupants : quelques lits, des ustensiles de cuisine, mais aucune trace d’électricité, ou d’accès à l’eau. Il faut d’ailleurs sortir à l’extérieur pour trouver les toilettes, simple cuvette posée à même le sol. Quelques mètres plus loin, des pierres servent de chaises, et un enclos sans porte héberge une chèvre, près de linge qui sèche.
C’est dans ce cadre inhabituel dans un pays comme la France que Msaidie (80 ans) accueille l’équipe du SIF, venue livrer un colis alimentaire de 35kg, rempli de produits de première nécessité. Nous sommes dans une zone isolée proche du village de Kani Kéli, dans la partie sud de Mayotte, à une heure de route de Mamoudzou.
« Je vis dans cette maison depuis plus de 50 ans », explique cette veuve de 80 printemps, qui occupe les lieux avec ses 3 filles, et leurs enfants.« La vie est très difficile, c’est un combat de tous les jours, poursuit-elle. Et la situation s’est encore dégradée depuis le cyclone Chido… »

Msaidie et sa famille survivent dans un cadre très précaire
« Pour survivre, je dépends du bon vouloir du voisinage, ou des associations comme le SIF », explique Aminata
Aminata fait référence à la perte brutale de son unique source de revenus, conséquence des immenses dégâts provoqués par la catastrophe. « J’arrivais à gagner un peu d’argent grâce à mes cultures, explique-t-elle. Je vendais du manioc et des bananes à des personnes qui les revendaient sur les marchés, ou directement dans le voisinage. Ce n’était pas grand-chose, mais cela m’aidait à vivre. Maintenant, il n’y a plus rien, il faut repartir de zéro, alors que la terre reste dévastée… »
Sans potager, l’insécurité alimentaire de Msaidie et les siens, qui était déjà élevée, s’est donc encore aggravée. Pour l’heure, la famille, sans perspectives d’amélioration à court terme, n’a d’autre choix que de s’en remettre à la générosité et la solidarité. « On ne bénéficie d’aucune aide financière, que ce soit par l’Etat, ou des proches, poursuit Msaidie. On dépend donc du bon vouloir du voisinage, ou des associations comme le SIF. Le colis alimentaire que j’ai reçu est une bénédiction qui va m’aider à tenir. J’ai de quoi manger, donc survivre, c’est l’essentiel… »

La solidarité est cruciale pour Msaidie et les siens
D’autres actions sont prévues par le SIF, autour, notamment, de l’accès à l’eau potable
La logique est malheureusement la même pour l’eau potable. « Pour l’eau, on cherche des solutions, conclut-elle. Des voisins en apportent de temps en temps, ou l’un d’entre nous va en chercher à l’un des tuyaux publics. En dernier recours, il y a un petit ruisseau près de la maison, mais l’eau n’est pas propre… »
L’eau, c’est justement l’un des autres aspects de l’intervention du Secours Islamique France à Mayotte, qui a acheminé 120 purificateurs d’eau potable depuis la métropole. Ces dispositifs, légers mais robustes, permettent de filtrer trois litres par minute. Dans un premier temps, le SIF en a distribué une partie aux mairies locales qui ont décidé de les mettre à la disposition d’écoles pour protéger la santé d’enfants et d’adolescents.
Nos équipes réfléchissent toutefois à étendre cette action à des bénéficiaires comme Msaidie, extrêmement vulnérables, tout en envisageant des projets de sécurité alimentaire sur le long terme.

Comme l’une des filles de Msaidie, de nombreuses personnes, à Mayotte, on besoin d’aide alimentaire